Quitter
Quitter, comme ce simple mot est doux à l'oreille et bon à sentir.
Oui, il est grand temps de quitter.
Pas de laisser en s'éloignant, pas en prenant congé, pas en abandonnant ou en renonçant mais en embrassant, en réintégrant, en réabsorbant tout, absolument tout ce qui a été rejeté, malaimé, détesté, jugé, banni, exécuté.
Il est temps de quitter le devoir de souffrance et les "ça se saurait si la vie sur terre était une promenade de santé douce et idyllique". Ces croyances bien installées, ces loyautés à …, ce consensus bien établi.
Est-ce vrai qu'il est nécessaire de souffrir pour évoluer (si tant est qu'on évolue), pour se réaliser (qui, quoi se réalise ?) ou je ne sais quelle autre grande mission ?
Qui l'a décidé ?
Qui a dit que cela était la norme ?
Est-ce que tu veux encore adhérer à cela ?
Qu'est-ce qui t'empêche d'annuler le rendez-vous où tu te rends la mort dans l'âme ?
Qu'est-ce qui t'empêche de cesser de te tuer au travail et de choisir une activité où tu t'épanouies ?
Qu'est-ce qui t'empêche de respecter ton propre rythme ?
Qu'est-ce qui t'empêche de faire disparaître les "il faut", "je dois" ?
Par quoi es-tu pris(e) en otage ?
Qu'est-ce qui t'empêche d'être libre ?
Qu'est-ce qui t'empêche d'Être ?
Et si c'était ta dernière journée sur terre ?
Si c'était la dernière fois que tu pouvais serrer ton enfant dans les bras et lui dire je t'aime ?
Si c'était le dernier jour où tu pouvais respirer à pleins poumons, humer le parfum d'une fleur, goûter un fruit tout juste cueilli, caresser la peau d'un autre humain, admirer l'environnement qui t'entoure, écouter le chant de la nature ou ta musique préférée….
Si c'était le dernier jour où tu pouvais vivre une colère, une profonde tristesse, une immense joie, rire, pleurer, crier, danser, marcher, écouter le silence d'un regard profond, voir dans cet autre regard tout l'univers….
Est-ce que cela changerait quelque chose ?
Quelle perception aurais-tu de la vie ?
Comment vivrais-tu cette dernière journée ?
Resterait-il des ennemis à combattre ou abattre ?
Fuirais-tu face à l'intensité que t'offre la vie ou la vivrais-tu totalement dans un grand oui, savourant le moindre ressenti quel qu'il soit ?
Se rappeler que l'expérience de ce corps peut s'arrêter là, maintenant, pas comme une menace, non, juste comme un doux rappel qu'il est notre plus grand partenaire, qu'il est le pont qui permet tout.
Vivre l'expérience de ce corps est extraordinaire et la souffrance n'est absolument pas obligatoire.
Quitter la souffrance, c'est laisser ce corps s'ouvrir à tout ce que propose la vie sans rien vouloir ajouter ou retirer.
Quitter la souffrance, c'est tout simplement VIVRE.