Rien et tout à la fois
Rien et tout à la fois.
Le temps ?
Quelle blague !!! On a décollé du Caire à 9h40 et atterri à Casablanca à 13h30 tout en ayant fait un vol de presque 6h et puis redécollé de Casa à 16h pour atterrir à 19h15 à Bordeaux et volé 2h. C'était drôle de voir le mental tenter de calculer ou de comprendre les fuseaux horaires et autres décalages (réflexion vite abandonnée) alors que la seule sensation présente était que c'est toujours Maintenant, il n'y a rien d'autre.
Tu fermes les yeux et hop tu te retrouves dans le désert, tu refermes les yeux et pouf, tu nages avec les dauphins, un battement de cil et zou au vert en Gironde, tu passes de 45° à 22°, du bruit incessant au silence en un claquement de doigt….
Autre vécu un peu perturbant en arrivant en France, c'était la sensation de non-appartenance, je voyais ces paysages défilés, je les connaissais et en même temps je les regardais de façon très neutre, ni heureuse ni pas heureuse de retrouver cette région.
J'observais tout ça et rien.
J'étais là et je n'étais pas là.
Idem en arrivant à la maison, j'ai fait le tour du jardin, suis entrée dans la maison et rien, c'était neutre, je n'étais ni chez moi ni pas chez moi. Ou plutôt, j'étais autant chez moi en Egypte, sur le bateau en mer rouge, à Louxor, au Caire qu'ici. J'étais juste dans un lieu qui allait nous accueillir pour la nuit, je reconnaissais les objets sans pour autant qu'ils aient une vraie consistance.
Je n'ai jamais senti d'attache à un territoire, une maison ou un lieu en particulier mais là c'était comme si d'un coup l'évidence était là, quel que soit le lieu, ça ne changeait rien.
Où que je semble me déplacer sur la planète, c'était toujours pareil.
Ce sont les câlins joyeux des chiens et de la chatte qui ont commencé à ramener un peu de consistance au décor mais dans un premier temps, il n'y avait pas plus de ressenti qu'avec le reste. C'était très étrange de caresser Tao et de me dire, ah oui, ici on a des chiens, de sentir la sensation des poils sous la main et de me dire, je pourrais être ailleurs, dans une toute autre situation, ce serait pareil, ni plus ni moins, une sensation d'être partout à la fois et nulle part et que rien ne change.
Aujourd'hui, il a fallu faire les courses, emmener Maël chez le coiffeur, étendre la lessive, faire à manger et cette drôle de sensation que rien ne bouge dans le mouvement qui apparaît et cette neutralité sont toujours présents.
C'est tranquille, stable, profondément calme malgré la "to do list de retour" et la valise perdue !!!
Je crois enfin "comprendre" cette expression entendue bien des fois : "être à zero centimètre".